Comment l'entendez-vous ?

[Septembre 2022.] J'étais en train de revenir du marché de Saint-Pierre-des-Corps, ville populaire où je réside.
J'habite dans un quartier mixte, avec des maisons des années 50 et des tours années 70. Je passais donc à proximité de ces tours chargé de mes sacs de légumes quand je remarquai à la volée un propos tenu entre trois dames portant foulard :
« … bla-bla... an bagay kon sa... bla-bla-bla... »
Me voici instantanément à l'arrêt.
Et je m'adresse à elles :
— Sa zot ka di mesdames... euh, pardon, vous venez de dire « bagay kon sa » … ai-je bien entendu ?
(…)
Et ces dames qui me répondirent, enfin :
— Ah ! Mais c'est le parlé du quartier, ça, monsieur !
De cette façon, en apprenant cela, je leur apprenais que c'est du kréyol des Antilles.

les Identifiants

IDENTIFIANTS







Les Identifiants


Installation,
Artboretum,
Argenton-sur-Creuse,
2018

Les Identifiants Les Identifiants

Vidéo : David Kidman




Les Identifiants
Les Identifiants
Les Identifiants
Les Identifiants
Les Identifiants
Les Identifiants





Transcription de la vidéo :

c'est une exposition qui s'appelle les identifiants euh où on trouve une série de pièces qui euh rassemblées euh ont une s'installent dans une forme de cohérence avec le lieu

c'est l'Artboretum d'Argenton-sur-Creuse qui est un lieu tenu par Jacques Victor Giraud c'est dans un ancien moulin euh qui est en bord de Creuse

quand je travaille je suis toujours en relation étroite avec l'endroit où l'exposition se situe

c'est le plan de la salle dans laquelle on est les angles de vue chaque chose qu'on voit dans la salle donc un mur est dessiné droit et ce qui est tremblé sur les côtés c'est ce qu'on ne voit plus dès qu'on est à l'intérieur du lieu

on retrouve le l'emplacement des colonnes qui c'est trois petits points bah qu'on repère aussi deux fois on le repère de nouveau sur le plan

alors la ligne au sol Hm c'est un élément pour séparer vraiment le lieu en deux il est orthogonal à la série de de colonnes qui mène à l'extérieur ça aide à définir euh la façon dont le lieu est structuré ça renforce sa structure ça fait comme une colonne vertébrale qu'on peut qu'on peut disposer de façon rectiligne et puis ranger celle qui est à l'extérieur elle est euh verticale elle est tendue elle rentre dans la rivière donc on voit euh simplement depuis le balcon le l'extrémité qui est à peu près à hauteur des yeux

au sujet des des trois tableaux qui se trouvent là qui sont donc euh de la peinture sur toile noire disposée sur le fond blanc de la galerie ils sont à la fois comme un un élément typographique qui ponctue et la répétition de l'espace qu'il y a entre les colonnes euh qu'on trouve euh à côté dans le lieu

alors les éléments chiffrés sont plus en rapport avec le titre presqu'on pourrait dire que c'est l- euh autant on identifie des des formes simples des des lignes des euh des cercles euh des choses comme ça autant les chiffres se rapportent directement à ce qu'on ce qu'on appelle un identifiant

et euh mais là ils sont disposés en rapport avec la la circulation dans dans le lieu c’est-à-dire qu'on a une série de cinq chiffres et et une autre qui sont euh séparées l'une de l'autre qu'on ne voit que lorsqu'on a on a opéré un trajet

et y a des chiffres binaires sur la poutre parce qu'en fait il y a un jeu avec les chiffres qui sont derrière moi quand il y a un c'est une surface peinte donc c'est directement sur le mur et quand c'est zéro ben y a y a rien

donc en fait y a un jeu de repères

c'est un couvre volant euh simplement euh piqué sur le mur

on voit bien que c'est pas un vrai bouclier de police c'est la peinture sur du verre elle est là pour marquer l'attention et et peut-être euh donner quelque chose d'un peu plus strict euh à l'ensemble

y a une pièce qui est là qui est faite avec des pneus des morceaux de pneus euh qui reprend dans le lointain qui emprunte en fait [bb] euh au fond du paysage qui est un pont euh avec les des arches

la Creuse euh descend dévale une digue [bb] et on peut lire euh certains certaines dispositions en relation avec euh avec l'endroit assez directement

alors l'effet de dénivellation qu'implique la présence du duit est reproduite dans les les ca- la série de cadres qui se trouve euh derrière mais qui est aussi un jeu optique

derrière donc sur une comme une f- un fil à linge il y a au-dessus un pneu et des étiquettes euh répétées il y en a à peu près une centaine qui sont euh l'empreinte d'un tampon euh circulaire euh quelque chose qui s'attache à l'objet et qui est répété de de manière euh quasiment potentiellement ininterrompue

y a deux deux portes qui sont reliées par un élastique qui est comme un sourire quand on l'imagine comme ça c'est communicatif

y a toujours la Creuse donc y a un mouvement un peu aquatique dans le la toile qui a été collée à l'eau sur de la peinture euh qui permet d'adhérer en fait

et euh et le nez c'est en fait un bouchon d'oreille rose d'un côté bleu de l'autre que on découvre la euh à la fois l'identité de des deux choses et leur différence en se promenant autour

au départ j'avais l'intention de montrer plutôt l'endroit tel qu'il est et [bb] montrer aussi le mur et la la qualité de du mur

donc on voit simplement des tubes [bb] qui en fait sont des des tubes de protection de néons en verre et euh les élastiques passent à travers et fabriquent simplement un cadre donc avec une euh des nœuds à l'intérieur qui montrent le procédé de fabrication du cadre

les anneaux olympiques ce sont des pneus une série de pneus qui sont assemblés ensemble on imagine que ça se rapporte aux jeux olympiques c'est toujours la même circonférence que le que les piliers donc il y a aussi une répétition de proportions

la trace à l'intérieur c'est c'est du mastic euh noir pour les bateaux et euh c'est un dessin de colonne vertébrale qui est comme une trace de pneu au milieu ça fait

on parlait des pneus d'un côté donc qui renvoient à à l'espace extérieur et de l'autre côté il y a des des barreaux en fait qui renvoient peut-être à la police mais c'est pas si évident qui fait comme un drapeau sur le sur le par-dessus la vitre et qui sont aussi des colonnes enfin c'est toujours le même

le dispositif est fait de de cercles de lignes de de chiffres





Les Identifiants
Les Identifiants
Les Identifiants
Les Identifiants
Les Identifiants
Les Identifiants
Les Identifiants

Impesanteurs

IMPESANTEURS



La plupart de mes œuvres témoignent d'une quête de neutralisation de la valeur. Ou de ce qui, prétendant à l'art, n'est pas utilisable (verre coupé de telle manière...), est détourné de l'usage pour être seulement exposé (des objets usuels dédouanés d'une désignation commerciale... voire même, en un sens associé au commerce, dédouanés d'une désignation artistique) ; bref, une quête de ce qui s'anéantirait dans une version parfaitement inutile (à découvrir, éventuellement, comme la neutralisation par elle-même de cette idée-là ; qui serait celle d'une revendication réussie... sans aboutir, si le cas pouvait se concevoir). Tellement, que la présentation recherchée serait celle d'un état définitif ; un semblant de décrépitude neuve. Et donc, alors, sans doute cette gageure poursuit-elle un prix dont la récompense est perpétuellement à estimer ? Ou bien, plus justement, qui demeure ainsi inestimable.





Réglement


Exposition personnelle,
Square des Batignolles,
Paris,
2022

Libertés imparfaites

Réglement
Réglement

Je suis assise par terre à l’extérieur de la serre. 
Il avait plu. Hier matin, peut-être. Les parcs parisiens auraient été fermés à cause de fortes rafales de vent. L’empreinte d’un ruisseau coule presque jusqu’au tapis. 
« On est passé l’autre jour, il y avait le vernissage. Qu’est-ce qu’il y a d’écrit  ? Ça veut dire quelque chose ? Ah! Quand tu regardes des lettres bleues … » Les voix se perdent, partent. Reviennent « Y'a écrit « règlement » en rouge de ce côté là et « intérieur » à l’intérieur. Et là c’est la même chose mais le rouge est à l’intérieur et le bleu à l’extérieur. » Repartent, les voix. Sur le tapis, plusieurs feuilles brunes de la saison dernière, certainement. Au loin, les trains, les enfants. Ici, les ombres des marronniers qui dansent au sol. Je suis immobile. On aurait presque pu se demander s’il y a de l’oxygène dans la serre. Les tapis, c’est d’un autre temps, hein. L’oranger aussi. Et les feuilles mortes. Il n’y a que le A des punks gravé au couteau sur le tronc qui approximativement bat la mesure du temps. 

Je vais rester encore un moment ici.

(Ces mots et trois photos argentiques sont de la visiteuse Nina Rendulic)

Réglement
Réglement
Réglement

Au sol : verre plat, fragment de tapis oriental, bois calciné, bac de plantation avec oranger mort.

Sur les vitres : alternance de lettres autocollantes bleues et rouge.

Hilal (orientalisme)


Exposition collective Territoires d'exil,
Collégiale Saint-Pierre-le-Puellier,
Orléans,
2017

Edward Saïd, Orientalisme, 1978 : « L’Orient est une partie intégrante de la civilisation et de la culture matérielles de l’Europe. »

Sébastien Hoeltzener, Lune

Corde. Disposée sur le sol de l'abside.

Les Polystyrènes (détonateur)


Exposition collective,
atelier Gatien Mabounga,
Les Montils,
Loir et Cher,
2017

Sébastien Hoeltzener, Les Polystyrènes, vue d'ensemble

Plaques de polystyrènes, encre de chine, lattes de sommier, balles de tennis de table, fil de fer.

Sébastien Hoeltzener, Les Polystyrènes, détail


les pièges

PERAMBULATIONS


(avec Pierre Feller)


Notre travail en commun est attaché au lieu. Les matériaux basiques de constitution de nos volumes sont la grille d'acier bétonné et le voile de ravalement de façade. Parfois, il y a d'autres matériaux liés à la construction. Par des jeux de rapports avec le site, nous mettons en place une fiction mobilière ou architecturale, destinée à mettre en évidence le lieu qui accueille la sculpture. Et s'agissant le plus souvent de sites patrimoniaux, nous nous amusons, tout en le considérant, de « l'instinct de conservation » culturel.





Anamnèse


Installation,
Château d'Usson,
Ariège,
2021

Le Château d'Usson

L'exposition a été l'occasion de montrer des œuvres plus anciennes en les adaptant au contexte. Reprise des Pièges (2015) au sein des vestiges du château d'Usson (de fondation Cathare), en Ariège, dans le pays de Donezan. Nous donnions à voir en divers endroits du site plusieurs positionnements pour les Pièges (grilles d'acier bétonné, voile pour travaux de ravalement). Ainsi, face au paysage (grille de lecture ?) ou, prenant à partie les vestiges (question de la conservation patrimoniale...) avec toujours, en sous-entendu, des enjeux de mémoire (de court ou de long terme).
Les Bobines (2021) sont le réemploi de deux éléments des Méditations mécaniques (2019) avec un circuit de ficelle raccourci. Anamnèse était une exposition qui avait pour objet premier un concours de maquettes (remporté par nous) en vue de la création d'un sculpture monumentale.

Le Château d'Usson
Anamnèse, Pierre Feller, Sébastien Hoeltzener
Anamnèse, Pierre Feller, Sébastien Hoeltzener
Anamnèse, Pierre Feller, Sébastien Hoeltzener

Béton armé, filet de ravalement vert

Anamnèse, Pierre Feller, Sébastien Hoeltzener

Cônes de plâtre, ficelle colorée en rotation, chambre à air

Méditations mécaniques


Installation,
Maison Descartes,
Châtellerault,
2019

Les pièges

La Maison Descartes de Châtellerault aurait abrité des moments de l'enfance de René Descartes, bien réputé mathématicien, physicien et philosophe français du XVIIe siècle.
Loin de nous exercer à rendre compte de la métaphysique de ce grand philosophe, nous avons pris le parti d'un rapprochement illustratif avec certaines images relevées dans ses traités. En reprenant à notre compte des éléments présents dans les livres ; comme par exemple des gravures présentant des cordes, des tourbillons ; ou bien en exposant simplement le texte fameux du « morceau de cire », nous avons ménagé les espaces de façon à les accompagner en promenant les visiteurs. L'utilisation de mouvements motorisés permettait une visite dynamique ; giration rapide d'une ficelle à hauteur de garde-corps, entourant de tous côtés un ensemble de pans de murs, ou ; rotation lente d'une monumentale tour de jarres en plâtre.
Dans l'ancienne cuisine devenue salle d'animation sur le modèle écomuséal, j'avais disposé une installation datant de 2002 : des tours de pots sans fleur qui tournent sur des électrophones. Puis, dans le jardin ; une structure de poubelle en béton armé, une structure copiée de Sol Lewitt (en béton armé) et enfin, un panonceau d'orientation agrémenté de cadenas (façon pont-des-arts). Tout renvoyait finalement à la gestion et à la perception collective des sites patrimoniaux. Ce qui, au-delà de tout, en raison des caractéristiques actuelles des lieux, devenait par glissement le sujet véritable de l'exposition.

Méditations mécaniques
Méditations mécaniques, Pierre Feller, Sébastien Hoeltzener
Méditations mécaniques

Béton armé, ficelle verte

Méditations mécaniques

Jarres de plâtre en rotation

Les Pièges


Installation,
Artboretum,
Argenton-sur-Creuse,
2015

Les pièges

L’exposition Les Pièges consiste en une variation de sculptures modulaires qui mêlent les vocabulaires de la construction et de l’architecture à travers leurs deux matériaux de constitution : le béton armé et le voile de ravalement de façade.
L’installation invite à une déambulation physique enrichie de points de vue différents : échelonnée, la série de sculptures module une spatialisation du lieu d’exposition et ouvre à une fiction contemporaine (dessin/tracé incluant une critique).

Les Pièges, le Cher
Les Pièges, Pierre Feller, Sébastien Hoeltzener
Les Pièges, le plan

Plan de l'installation au
Moulin du Rabois

Les Pièges, avec le filet vert

Treille d'acier, ciment alumineux,
toile de ravalement de facade,
110 x 110 x 110 cm chaque.

Les Pièges, avec le filet vert

Cher Thésée,


Installation,
Vestiges des "Maselles",
Thésée-sur-Cher,
2014

Cher Thésée, dessin du parcours

L’exposition Cher Thésée, était une exposition réalisée parmi les vestiges du site gallo-romain des Mazelles (ou Maselles) à Thésée. L’ensemble des propositions édifiait un discours qui, apposé aux vestiges, s’y associait en brouillant le moins possible la perception de leur état. Chacune des propositions complétait le site d’images dédiées : autour de chaque sculpture ou agencement, la mémoire de cheminement était convoquée.

Cher Thésée, la salle principale
Cher Thésée,
Cher Thésée,

Ciment alumineux armé, voile de ravalement de facade

Cher Thésée,

Voile de ravalement de facade, crochets de camping, mortier alumineux armé.

Cher Thésée,

Contre-plaqué lamellé-collé

Discussions

CONVERSATIONS


(avec Fred Guzda)





Faire (et) voir


Exposition à deux auteurs, itinérante,
première mise en lieu à la Galerie M.Duchamp,
EMBAC,
Châteauroux,
2022
Seconde mise en lieu,
à la Chapelle Sainte-Anne,
La Riche,
2023

Une des multiples façons d’aborder l’exposition commune de Fred Guzda et Sébastien Hoëltzener, c’est de la considérer comme un jeu. Ces deux artistes possèdent un sens de l’humour à peine voilé par la spécificité de leur dialogue, presque intégralement dédié à une définition de la pratique artistique ; voilà bien un drôle de sujet…

Martial Desflacieux

Faire et voir

Mode opératoire, méthode, et dispositif

Nous avons d'abord composé une liste de discussions à mener selon un programme thématique et quotidien partant d'une œuvre de chacun, sans lien préétabli entre elles, mais devant être exposées ensemble. Sur 7 journées, le matin, une interview de l’un portait sur son travail puis, l’après-midi, c'était à l'inverse une interview de l’autre. Il en a résulté un total de 14 vidéo-conversations de moins d'une dizaine de minutes en général. Basé sur l’idée d’équité plutôt que sur celle d’équivalence, le dialogue au long cours qui ressort est vivant et improvisé. Tout a été enregistré en face caméra, en simultané, de façon à ce que chacun de nos visages puisse occuper, lors de la diffusion des conversations filmées, chacun son écran.

L'installation conçue pour ces enregistrements compose avec —outre les deux œuvres personnelles dont on s'entretient et qui sont consultables à part—, 16 écrans liés par paires, accrochés à hauteur d’œil, comme des tableaux de musée. Une programmation électronique des vidéos permet la synchronisation perpétuelle d'un ensemble de propos discutés qui constituent la matière essentielle de notre œuvre commune. Une des paires d'écrans, enfin, se distingue, qui diffuse en direct la vidéosurveillance de l'œuvre dont on est alors en train de parler, se présentant dans ce cas comme une sorte de commentaire visuel, ou un recul supplémentaire par rapport à ce dont il s'agit.

L'exposition se déroule « un jour sur deux ». L’entretien d’un jour porte sur une des deux œuvres présentes, tandis que le lendemain toute la conversation porte sur l’œuvre de l’autre. Ainsi de suite par alternance. De cette manière, les couples d’écrans et leur disposition restent les mêmes, présentant chaque jour les vidéos thématiques correspondantes. Cette formule permet en particulier de garder équité, équilibre et clarté, entre les œuvres, les commentaires, les artistes.


Questions et enjeux

Comment éviter les embûches des mythologies individuelles, de l’esthétique de soi, du divertissement, des logiques de communication et des politiques culturelles de circonstance, des idéologies du moment ? C’est parce que nous nous méfions de notre propre travail par rapport à ces questions que nous avons imaginé cette exposition commune avec ce dispositif.

En nous interrogeant l’un l’autre au sujet d’une de nos œuvres, nous voulons néanmoins nous maintenir à hauteur d’auteurs, et d’artistes, et de critiques. Que peut-on dire de deux œuvres exposées l’une à côté de l’autre ? Quelles questions peut poser un artiste (auteur de la première) à un autre artiste (auteur de la seconde) ? Et réciproquement ? Et que peuvent répondre, alternativement, ces deux-là ? Et qu’est-ce qu’un spectateur, qui s’intéresse à cette histoire, peut en attendre, en quoi peut-il en profiter, que peut-il y apporter ? D’ailleurs, chaque artiste ne devient-il pas, dans ces conditions, spectateur de l’œuvre de l’autre ? Ou même, indirectement, de son propre travail ?

Les séquences vidéo, telles qu’elles se présentent, ne sont-elles pas aussi des œuvres ? Et les commentaires, conversations, remarques auxquels elles donnent lieu, n’acquièrent-ils pas, eux aussi, ce statut ? Ni ceux-ci ni celles-là n’existeraient, pourtant, sans les œuvres auxquelles ils font référence. Ce qui n’empêche pas les œuvres en question d’exister par eux. Et que dire des œuvres que deux écrans présentent, ou représentent, en temps réel, dénuées de tout commentaire, mais intégrées à l’espace d’exposition des commentaires ? Pourquoi ces deux écrans-là, autant que leurs voisins, ne seraient-ils pas des œuvres à leur tour ?

À charge pour chacun, à partir de l'exposition, de s’en saisir à sa manière pour y trouver, peut-être, des éléments de réponse.



FG (et) SH



Faire et voir

Faire et voir

Conférences en mi-muet du 21 octobre et du 7 novembre 2022






Vue expo
Faire et voir






libertés imparfaites

IMPERFECTIONS







Libertés imparfaites


Installation,
Galerie Poteaux d'angle,
Bourges,
2020

Libertés imparfaites

Pitch : À partir du lieu, de ses dispositions internes et externes, tentative d'animer les surfaces sans trop les troubler. Prise en compte d'éléments de vocabulaire politiques et populaires, furtifs, actuels, mêlés à des persistances plastiques référencées. Le tout en vue de proposer une exposition toute en retenue bien plutôt que l'exhibition retentissante de l'art. S'attendre, éventuellement, à un résultat qui pousse à l'examen de l'ensemble d'une situation mais, alors, comme au travers de ses défauts. Pour la réalisation, cela consisterait à permettre l'accord entre ces faiblesses.

Libertés imparfaites
Libertés imparfaites
Libertés imparfaites

N.B : Chaque composant de l’exposition est un extrait de production industrielle utilisé en vue de lui faire échapper à une destination inéluctable.

INVENTAIRE :

A. Espace pénétrable du lieu : 1. Réemploi de néons usés, barres de métal, de bois, rassemblés en faisceau, peintures fluo. Néon led et système d’interruption électronique. Clignotement de la lumière considérablement lent. 2. Deux miroirs portatifs fixés à la vitre de la galerie. Inscriptions « UN ETAT » et « DU LIEU » en lettres capitales à l’envers, à regarder et/ou déchiffrer depuis l’extérieur. Caractères en plastique collés, retenus entre la vitre et les mroirs, et dans leur encadrement. 3. Trois plateaux de verre teinté alignés, couchés au sol. Leur disposition correspond au caractère typographique des points de... suspension. Une revue « Laura » n°28 (dernier tirage à ce moment-là) est posée sur chacun des plateaux qui redeviennent tables. La couverture du magazine porte l’image reproduite de « Elle », 1992, photographie avec lettrage peint à l’huile. Cette reproduction éditée en série par la revue, d’une œuvre originale de Rodrigo López Cuenca, expose en abîme l’appropriation faite d’un portrait de M. Duchamp travesti en Rrose Sélavy dû à Man Ray (1921). S’agissant de la revue, chaque exemplaire posé, quoique réplique du même, est objet distinct. De là l’avantage d’un espacement séparateur pour les présenter (ceci d’autant que le palindrome ELLE sème un trouble). Un verre vidé du bar d’en face place sur cette scène un genre d’autoportrait « in situ ». 4. Opération blanche. Peinture acrylique en couleurs, et encre noire sur toile tendue sur châssis. Tous ces motifs sont dissimulés sous deux couches de geso, blanc 5. What you see is what you see. Deux photographies de caméras de surveillance des alentours demandées à Alain Sadania, imprimées sur papier, le tout plastifié. Pince à dessin. (le titre est une citation historique du peintre étatsunien Franck Stella, datant de 1966. (Ici, « Ce que tu vois est ce que tu vois » plutôt que « Ce qui est à voir est ce que vous voyez ».) 6. Encore quelques réalisations pour poursuivre d’accompagner les trois premières de cette salle, toutes plus ou moins dérobées à la vue qu’offre l’extérieur de la galerie ; « Phantônes », trois plateaux de verre transparent adossés à une cimaise, et enfin, des petites toiles blanches bon marché et « sans titre » collées entres elles par de la peinture acrylique blanche.

B. Vitrine et grande cimaise de tôle, Sud : 1. Art en grève. Châssis carrés entoilés retournés, contrecollés chacun d’un autre, et ayant au dos de la toile rendu visible cette inscription peinte. Ceci à l’exception d’un d’entre eux, qui présente, celui-là, à la mine de plomb, l’inscription vaguement lisible « avant-garde en grève ». 2. « Phantônes » ; deux plateaux de verre transparent.

C. Vitrine du couloir de la galerie marchande, coin de cimaise de tôle, Est 1. Boustrophédon dedans-dehors. Inscriptions pulvérisées des mots « dedans » et « dehors » à la bombe aérosol orange fluo, chaque mot quatre fois, dont deux fois d’un côté de la vitre, deux fois de l’autre, et chaque fois de ces deux, soit écrit à l’endroit, soit écrit à l’envers. Signifiant d’après le grec « bœuf qui se meut en tournant », le terme « boustrophédon » désigne un type d’écriture archaïque utilisé par les orientaux et les Grecs, imitant le mouvement des sillons tracés dans un champ, et dans lequel une ligne se lit de gauche à droite, la suivante de droite à gauche, et ainsi de suite alternativement. (cf. Wikipedia). On peut lire dans l’utilisation qui en est faite ici, d’un côté l’autre, une métaphore, sociale, politique, morale, culturelle, sexuelle (identité et physiologie), etc. L’utilisation de la bombe de marquage peut référer tant au vandalisme (éclairé ou non) qu’à une mise en chantier de l’espace public (éclairé ou non). 2. « Phantône ». Un plateau de verre transparent. D. Extérieur, façade-vitrine-miroir, Ouest : 1. Réduire la voilure. Sac plastique (cf. petit marqueur nouveau dans l’art, révélateur attendu d’une vie au milieu des déchets), blanc, collé à la vitrine-miroir. S’agrippe comme une enseigne. Flotte tel un drapeau. S’agite comme flamme. Et se reflète tel Narcisse.

Libertés imparfaites
Libertés imparfaites
Libertés imparfaites
Libertés imparfaites
Libertés imparfaites

Photographies carrées : Alains Sadania

Identifiant furtif


Installation,
Mean,
Saint-Nazaire,
2019

Identifiant furtif

Pitch : La recherche des « identifiants » est celle d’une formule.
La répartition d’objets anodins organise la perception de l’espace… De là, une combinaison qui renforce l’identité d’un lieu. Dans un sens il est question de développer un code, dans un autre il s’agit d’en dévoiler la matérialisation.
Du dehors, derrière une vitre, un local occupé par quelques articles en dépôt passager. À l’intérieur, l’exposition est comme l’étalage d’un catalogue, une mise en page réglée du lieu investi. Mais s’il persévère à préciser la commune identité de l’endroit et de l’exposition, l’« identifiant furtif » n’échappe pas, par antinomie, aux sollicitations intempestives de la fiction.

Identifiant furtif



Identifiant furtif
parking-manche

PARCS







Levée de stationnement


Sculpture monumentale,
entreprise ASP technologies,
Saint-Paterne-Racan,
2009

Levée de stationnement

Un parc de stationnement est un lieu d’implantation plutôt rare pour une sculpture. Deux places en vis-à-vis ont été saisies afin d’y élever quelque chose qui tienne rigoureusement compte des proportions, des longueurs et largeurs des tracées au sol. Des lignes blanches sont les limites territoriales de l’édifice. Sa hauteur maximale correspond au plan relevé d’une place, si bien que ce sont les tracés du sol couplés aux produits de l’entreprise qui ont permis de décider de la réalisation. Les automobiles n’accèdent plus aux deux emplacements annexés, quoique leur présence changeante autour de la Levée de stationnement participe à la composition, entre autres par des jeux de reflets. Sur un bord, un accès par deux marches permet de la parcourir à l’intérieur.

Levée de stationnement
Levée de stationnement

À l'approche: intermitance de girouettes et manches à air.

Levée de stationnement

Inox brossé, galva, béton,
peinture, 12 x 2,50 x 5 m.
Mécénat : ASP Technologies.

Sébastien Hoeltzener, Levée de stationnement

Inox brossé, galva, béton,
peinture, 12 x 2,50 x 5 m.
Mécénat : ASP Technologies.

Dégât-des-eaux


Installation paysagère et jardin,
Parc de Saint Léger,
Centre d’Art de Pougues-les-Eaux,
2019

dégâts des eaux dégâts des eaux

Le jardin paysager du Parc saint Léger s’est transformé à travers le temps. Le projet avait pour but d’établir un état des lieux tout en proposant à l’intérieur du parc des éléments de mémoire.
La proposition d'un champ de lin intégrait des dimensions descriptives, mimétiques, et débordantes.
La floraison bleue du lin se rapporte à la couleur du pavillon des sources de l’ancienne station thermale. La silhouette disparue du Splendid Hôtel est découpée dans un panneau d'inox qui en réfléchit l’emplacement désormais vide. On découvre aussi le creusement d’un trou et son tumulus voisin.

dégâts des eaux
L'Épuisé

VANITÉS







l’Épuisement à se rétablir


Exposition personnelle,
La Vitrine,
Evreux,
2008

Allégorie

La pièce se situe dans la tradition des vanités.
Une poubelle de ville est surmontée par la lente rotation d’un bijou (Un crâne ? Une tête ? Un cerveau ? Un cœur ?). Placé non pas sur le trottoir mais à l’intérieur d’une vitrine, le bac à ordures se trouve contradictoirement mis en valeur.

Sébastien Hoeltzener, L'Épuisé
L'Épuisé

Poubelle de ville, fonte de cristal, verre, lampes hallogène flexibles, mécanisme rotatif et film miroir.



Allégorie


Exposition personnelle,
L'identité remarquable,
Orléans,
2009

Allégorie

Né dans cette maison, Édouard Fournier (1819-1880), littérateur et historien de Paris, est abondamment cité dans le maître livre de Walter Benjamin (jamais terminé) Paris, capitale du XIXe siècle, autrement nommé « le livre des passages ». Baudelaire, le flâneur, aussi. Allégorie présente aux passants deux pièces associées, l’Épuisement à se rétablir (2006) et Horloge (2005) derrière une vitrine, comme des marchandises.
À part ça, les nouveaux éléments de mobilier urbain à Orléans, notamment les lampadaires et quelques colonnes Morris, une fontaine, renvoient curieusement à un Paris rêvé du XIXe : « le nouvel Orléans se construit » et « la ville rayonne » (slogans municipaux).

Sébastien Hoeltzener, Allégorie
Allégorie

« l’Épuisement à se rétablir » : poubelle urbaine, sellette rotative électrique, 
verre, fonte de cristal, lampes de concert.
« Horloge » : horloge en fonctionnement, papillon séché (morpho).


Tiret

PONCTUATIONS







Tiret


Présentation en atelier,
Saint-Pierre-des-Corps,
2020



Tiret reprend au sein de sa composition le signe de ponctuation du même nom, ou plutôt le tiret court, dont l’utilisation comme trait d’union n’est pas pour rien dans ce choix d’appropriation. Selon la définition trouvée sur Wikipédia : « Le tiret court ou tiret quart de cadratin ou « trait d’union » ou « signe moins » est un caractère ambigu, mais le plus courant, car toujours disponible au clavier, utilisé, selon le contexte, comme signe moins, comme séparateur de chiffre, tiret d’intervalle, pour la césure d’un mot en deux (sans espace) en fin de ligne, et comme « trait d’union » dans tous les autres cas, comme les mots composés (sans espace). » L’ambiguïté du caractère « - » se renforce dans l’œuvre Tiret par plusieurs aspects. D’abord, parce que s’il s’agissait du signe « moins », il ajoute de toute façon un « plus » à la surface de mur auquel il se raccroche... Au centre de la composition, le tiret mesure à peu près 16 x 4,5 cm ce qui permet de le disposer en évidence au mur, qui n’est pas une surface de réception habituelle pour ce « signe ». Avec Tiret, un mur peut par glissement tout à coup être assimilé à la page d’un livre, et suivant les parties de l’espace qu’il pourrait être en train de relier entre elles (en tant que trait d’union), à la page d’un livre poétique où la disposition des mots, comme éléments à partir desquels est composé un tout, importe. Les dimensions du signe dans Tiret sont utilisées en fonction d’un regard humain, susceptible d’y rencontrer et apprécier une œuvre d’art. Par contre-coup d’une identification simplifiée en ce sens-là, à savoir, de façon frontale comme pour un tableau, il faut aussi y reconnaître le barrage qui s’oppose au croisement du regard, pour un regardeur, lorsqu’un bandeau noir est apposé sur une photographie de personne suspectée, ou pour laquelle la préservation de l’identité est due. Dès lors des espaces à relier par ce signe dont il est question, le tiret court, peuvent être contradictoires en terme d’identification, allant se déployant ailleurs que sur l’espace plan du mur, s’interposant plutôt entre le regard du regardeur et sa projection mentale. Mais alors, en guise d’effet de supplément, le noir du tiret placé sous la surface de verre est partiellement réfléchissant. Enfin, il faut parler de l’encadrement dans Tiret. Le signe de ponctuation « tiret », sauf pour être désigné tout seul « - », en général, ne se comprend pas entre deux espaces insécables. Or l’encadrement gris de Tiret isole le signe tout en le mettant en valeur. L’encadrement « coupe » littéralement ce qui pourrait être suivi d’espaces insécables ou de toute autre chose. Dans ces conditions le tiret pourrait être à la fois disposé librement n'importe où, tout en restant perpétuellement prisonnier de sa condition de signe encadré. Cette immobilisation vaut pour lui donner mobilité d’un mur l’autre. Cette mobilité rendue possible ne permet pas vraiment au signe de relier quoique ce soit. Et pourtant...

Sébastien Hoeltzener, trois tirets



Sébastien Hoeltzener, trois tirets

Bibliothèque de l'Artboretum, Argenton sur Creuse, 2018






jardin disparu

CIELS D'ABORD







À l'emplacement

d'un jardin disparu


Exposition collective Prise d’assaut,
château de Sagonne, Cher,
1998

À l'emplacement d'un jardin disparu

Agrandissement 8 x 6 x 2,3m du plan d’un jardin disparu implanté sur le lieu représenté. Ombre mouvante au gré des déplacements du soleil.

Sébastien Hoeltzener, À l'emplacement d'un jardin disparu





Kepler


Exposition collective Ça se discute,
diplômes DNSEP,
ERBAT de Tours,
1999

Sébastien Hoeltzener, kepler
Sébastien Hoeltzener, kepler
kepler
kepler

La proposition est située à cheval entre le bâtiment et le terre-plein extérieur. Elle englobe une salle d'exposition et l'espace public, qui sont reliés par un perron et une double-porte vitrée.
Cette structure se rapporte à celle du vis-à-vis entre jardin d'apparat et habitation princière...
Une partie du matériel exposé sert dans la construction des bâtiments.
On découvre à l'intérieur un parterre vert réalisé en voile de protection de travaux de façade, passé de la station verticale à l'horizontale.
Sur chacune des parois murales un polyèdre régulier est accroché.
Ces icosaèdre, dodécaèdre et octaèdre sont réalisés en volume avec des tiges de fers à béton soudés.
Les regarder en se déplaçant entraine un trouble cinétique.
Comme l'atteste une boussole, le parterre vert est une croix cardinale.
En son centre est posée une lentille sous laquelle est représentée la constellation de Bouvier.
Bootes, en latin, est une figure qui recouvre plusieurs mythologies agricoles.
Les bœufs seraient liés à l'axe polaire et le Bouvier perpétuerait la rotation des cieux.
Au mois de juin la constellation est au zénith.
Passées les marches qui mènent à la partie extérieure, un miroir de surveillance fait face qui renvoie, par ricochet, en direction de l'intérieur du bâtiment — c'est-à-dire dans l'école d'art — les reflets du ciel contenus dans un second miroir qui, lui, pointe la direction du ciel.
La partie jardinée est plantée à l'orient d'un croissant de soleils, des tournesols, dont la tête pivote au cours de la journée.

*Le titre me vient du nom de Johannes Kepler, 1571-1630, astronome qui a découvert,
à la suite de l'hypothèse héliocentrique de Nicolas Copernic, que les planètes ne tournent pas
autour du Soleil en suivant des trajectoires circulaires parfaites mais des trajectoires elliptiques.
Le modèle d’Univers de Kepler, bien qu'il se trompait en cela, fut fondé sur les cinq polyèdres réguliers.

kepler
kepler
kepler

Voile de protection de façade, fers à béton (volumes soudés), loupe, boussole, miroirs convexes, « demie-lune » de tournesols.

Disparition

TERRES ENSUITE


(des trous, des îles, des tas)







Homme


À L'échangeur,
Dadonville, Loiret,
2005

Sébastien Hoeltzener, Homme





Tour de l'île


Ile Simon
Tours,
2005

Ile Simon

La largeur de l'île est divisée par une longueur de corde. En milieu de ligne a été creusé un trou au dessus duquel est suspendu, au moyen de la corde, un seau. Ce seau contient de l'eau du fleuve qui entoure l'île.

Sébastien Hoeltzener, Ile Simon





Disparition


Une île sur la Loire,
2016

Ile Simon

J'ai emporté avec moi la Disparition de Georges Perec lors d'un voyage en canoë sur la Loire. Je ne saurais situer l'île sur laquelle j'ai enterré le livre.

Sébastien Hoeltzener, Disparition
Sébastien Hoeltzener, Disparition
Disparition
Sébastien Hoeltzener, Disparition

Un château sans titre


Centre International des Parcs et Jardins et du Paysage,
Chaumont-sur-Loire,
2004


Un château sans titre, c'est une installation dans le paysage des jachères non loin du parc de stationnement du château de Chaumont-sur-Loire.
Il s'agissait de mobiliser l'attention lors d'une approche progressive des lieux, qui comportait notamment la traversée de nids de poule. De près, on remarquait sur un tertre une reproduction de l'entrée du château répétée quatre fois pour fabriquer une cage métallique rouillée. C'est arrivé à ce niveau qu'on observait le creusement d'un trou, négatif du tertre qui en était extrait. C'est depuis ce creux, attaché au fond par une cordelette, que s'élançait un ballon sonde qu'on remarquait très haut placé dans le ciel... L'herbe n'avait pas été tondue dans le périmètre carré, creusé au godet comme pour les fondations d'une maison ; emplacement qui entourait le trou, le tertre, la cage, et deux peupliers dont l'un, mort, avait été foudroyé.
Un château sans titre est resté sur place, comme ça, livré à la vie du paysage pendant des années. Peut-être s'y trouve-t-il encore ?

Château sans titre

trou, tas, terre, métal déployé, plomb, pierre et or, drisse, balon-sonde (méteorologie), miel, tronc et abeilles.

Sébastien Hoeltzener, Château sans titre, Chaumont-sur-Loire



Sébastien Hoeltzener, Château sans titre, Chaumont-sur-Loire
Château sans titre
Château sans titre
Loterie Nationale

NOMBRES


(catalogues)






Artistes tourangeaux


Exposition personnelle,
Identité Remarquable,
Orléans,
2015


Sébastien Hoeltzener, Artistes tourangeaux

Il s'agit d'un recensement systématique, clos à 243 noms d’artistes tourangeaux, qui ne prétend pas à l'exhaustivité.
Les sources d'information utilisées sont ; la diffusion publique, internet, des cartons d'invitation.
Cette liste a été établie selon des vérifications effectuées, mais aussi, rarement, selon des connaissances personnelles.
Dans certains cas, compte tenu d'un manque d'information, le rapprochement entre « artiste » et « tourangeau » ne pouvait être suffisamment avéré.
Dans d'autres cas, soit distraction, soit ignorance, des noms me sont parvenus ou revenus, soit trop tard, soit pas encore.
Enfin, la numérotation attribuée à chaque nom d'artiste tourangeau (ou tourangelle) ici représenté a été obtenue par un tirage au sort réalisé sur l'île de Manhattan à New York, le dimanche 11 janvier 2015 entre 17h02 et 18h11 (heure GMT), effectué par Oscar Masson (8 ans), assisté de son père Gérard Masson pour l'inscription.

Conformément à la loi Loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés, chaque artiste tourangeau se trouvant ici nommément cité peut, si il (elle) le souhaite, faire retirer son nom ou son pseudonyme de la présente liste dans ses versions à la fois virtuelle et réelle. Ceci sur simple demande, écrire à l'Identité Remarquable.
Dans l'état d'incomplétude (involontaire mais consciente), après le tirage au sort, aucun nom d'artiste tourangeau ne pourra être rajouté à la liste.

> L'Identité Remarquable

Loterie Nationale
(Le projet Dante)


Exposition personnelle,
Identité Remarquable,
Orléans,
2015


Sébastien Hoeltzener, Dante, trois couleurs
Sébastien Hoeltzener, Dante, trois couleurs, le Paradis
Dante, trois couleurs, le Purgatoire
Dante, trois couleurs, l'Enfer

PARADIS

1) Possède au minimum l’une des trois couleurs
2) Exclue toute autre couleur que les trois

Australie - Autriche - Bahreïn - Cambodge - Canada - Chili - Corée du Nord - Costa Rica - Cuba - Danemark - États-Unis - Finlande - France - Géorgie - Grèce - Honduras - Indonésie - Islande - Israël - Japon - Laos - Lettonie - Libéria - Luxembourg - Micronésie - Monaco - Népal - Norvège - Nouvelle-Zélande - Panama - Pays-Bas - Pologne - Royaume-Uni - Russie - Samoa - Singapour - Slovaquie - Somalie - Suisse - République tchèque - Thaïlande - Tonga - Tunisie - Turquie

PURGATOIRE

Associées à d’autres, possède les trois couleurs

Afrique du Sud - Andorre - Antigua-et-Barbuda - Argentine - Azerbaïdjan - Belize - Cap-Vert - République centrafricaine - Comores - Corée du Sud - Croatie - Djibouti - République dominicaine - Équateur - Espagne - Fidji - Gambie - Guinée équatoriale - Haïti - Kiribati - Malaisie - Mexique - Namibie - Nicaragua - Ouzbékistan - Paraguay - Pérou - Philippines - Portugal - Salvador - Serbie - Seychelles - Slovénie - Soudan du Sud - Swaziland - Tuvalu - Venezuela

ENFER

Les autres

Afghanistan - Albanie - Algérie - Allemagne - Angola - Arabie saoudite - Arménie - Bahamas - Bangladesh - Barbade - Belgique - Bénin - Bhoutan - Biélorussie - Birmanie - Bolivie - Bosnie-Herzégovine - Botswana - Brésil - Brunei - Bulgarie - Burkina Faso - Burundi - Cameroun - Chine - Chypre - Colombie - République démocratique du Congo - République du Congo - Côte d'Ivoire - Dominique - Égypte - Émirats arabes unis - Érythrée - Estonie - Éthiopie - Gabon - Ghana - Grenade - Guatemala - Guinée - Guinée-Bissau - Guyana - Hongrie - Inde - Irak - Iran - Irlande - Italie - Jamaïque - Jordanie - Kazakhstan - Kenya - Kirghizistan - Koweït - Lesotho - Liban - Libye - Liechtenstein - Lituanie - Macédoine - Madagascar - Malawi - Maldives - Mali - Malte - Maroc - Marshall - Maurice - Mauritanie - Moldavie - Mongolie - Monténégro - Mozambique - Nauru - Niger - Nigeria - Oman - Ouganda - Pakistan - Palaos - Papouasie-Nouvelle-Guinée - Qatar - Roumanie - Rwanda - Saint-Christophe-et-Niéves - Sainte-Lucie - Saint-Marin - Saint-Vincent-et-les-Grenadines - Salomon - Sao Tomé-et-Principe - Sénégal - Siéra Leone - Soudan - Sri Lanka - Suède - Suriname - Syrie - Tadjikistan - Tanzanie - Tchad - Timor oriental - Togo - Trinité-et-Tobago - Turkménistan - Ukraine - Uruguay - Vanuatu - Vatican - Vietnam - Yémen - Zambie - Zimbabwe




Identité Remarquable


Commissariat d'expositions,
4 rue du Bourdon Blanc,
Orléans,
18 septembre 2009 — 18 mars 2015



croquis lieu Identité Remarquable

(Texte de présentation du site internet)


Une poussière dans l'œil

L’Identité Remarquable, qui fut d’abord un dédoublement de vitrine réelle et de vitrine « virtuelle », est désormais disjointe de son ancrage, c’est-à-dire de son objet réfléchi. Durant plus de cinq années, cette vitrine située à Orléans a été dédiée aux artistes et 54 expositions s’y sont succédé. Issus de différentes générations et provenant d’horizons les plus divers, ce sont les artistes exposés qui – séparément – ont contribué à fabriquer l’Identité Remarquable. Certains d’entre eux sont connus, reconnus, collectionnés, ou en passe de se faire mieux connaître, alors que d’autres sont ailleurs pratiquement invisibles. La vocation de ce réduit vitré, relayé par internet, permit peut-être de s’interroger sur l’implicite supercherie que recouvre chacun des termes : « local », « global », « international », « national », « régional », et, répété en retour, à nouveau « local », suivant l’écho compliqué de l’art aujourd’hui.

Cependant, avant tout, il y a une rue et un trottoir sur lesquels la vitrine donne à voir ; il y eut l’intérêt suscité par cette présence continue, avec la vie qui se déroulait tout autour.

– « C’est de l’art ! » pouvait-on entendre ici au sujet de la « galerie », lorsque pour couper court au besoin d’explication, certains tentaient de justifier ou simplement de qualifier ce qui mobilisait l’attention.

Ajoutons que c’était du travail.

Le choix aura été de diffuser à l’intention de tous une grande variété de visions des choses et parfois du monde, malgré l’exiguïté du lieu. Si la vitrine a fonctionné sans subvention publique, elle a parfois été aidée lors d’installations ou de vernissages au gré de soutiens amicaux. De ce projet qui a suscité un engouement certain tant de la part des artistes que des passants regardeurs, il ne reste désormais de « trace » que le site internet que vous pouvez consulter.

Identité Remarquable, 3d
Prélèvement

GRAINS







Prélèvement


Exposition collective L’Un-foule,
cloître de la Psalette,
Tours,
2005

Prélèvement

Un carré de gravillon se détache à peine sur le fond sablonneux de la cour du cloître. Il aura fallu implanter quatre piquets de musée - sans corde - pour signaler sa présence discrète. À l’étage, sur la coursive, le carré de sable prélevé en contrebas (qui, remplacé par les gravillons…), est signalé. À la fois visible et inaccessible, le carré de sable est installé derrière des barrières « Vauban ».
Les deux carrés sont reliés par le seul exercice de la mémoire : il était impossible de les voir simultanément.

Sébastien Hoeltzener, Prélèvement, intervention au Cloitre de la Psalette
Prélèvement





Cailloux-piège


Exposition collective 103m2,
un appartement à Orléans,
2004

Cailloux

Gravier déversé sur un sol en terrazzo, porte dégondée.
La vue photographique trahit le piège du trompe-l'œil.
Cailloux-piège a fonctionné, et on a entendu plusieurs victimes crier de surprise en marchant dessus.

Sébastien Hoeltzener, Cailloux

Gravier (4 x 4 m), sol d’apparence voisine, porte dégondée.

Golem Partition

PERSONA/E



À l'attention des espaces compris chacun comme des lieux, s'ajoute un petit panthéon mythologique léger, avec ses personnages occasionnels qui pourraient être autant des figurines, si on se contentait (ici) de les imaginer tels ; et ça pourrait bien convenir. À la limite. Surtout si on les regardait avec distance, rassemblés dans un registre qui leur donne un genre familial ; en s'aidant de l'imagination.
Mais comme ailleurs, par acquis d'habitude et finalement par choix redondant, je me demande, en la repoussant, si la question du goût (ou de l'arrière-goût) esthétique n'est pas purement et simplement à rejeter (vieille Lune duchampienne, qui n'a pas besoin de Duchamp). Toutefois, je remarque encore que toute présentation engendre la nécessité d'un soin flatteur, « ornemental » au minimum requis ; que cela soit dans ce qui se découvre comme étant le montré, ou au contraire dans ce qui est recherché comme étant le dissimulé. Bref dans ce qui se signalera peut-être comme étant de l'art. … À quelque chose près.





La Déesse


...qui accompagna le projet-texte de La Réussite,
installation in situ,
Galerie Ars Proxima,
Port Louis, Morbihan,
2021

The Goddess on the edge est constituée d'un très grands nombre de boîtes de cartes à jouer vides, en plastique. C'est un assemblage par la colle de volumes d'air capturés qui compose la silhouette d'une personne, ou plutôt d'une statue en pied. Cette « déesse » figée, presque sur le point de tomber, accompagne la lecture donnée d'un texte ; l'exposé du projet de La Réussite. Alors la Déesse représente aussi bien une spectatrice.

Sébastien Hoeltzener, La Déesse
La Déesse

La Déesse

Collage : boites en plastique de cartes à jouer vides.

Golem Partition


Exposition personnelle,
installation de sculptures dans une cave,
festival Croisements,
librairie Le Livre,
Tours,
2011


Sébastien Hoeltzener, Golem Partition, la shpère armillaire
Golem Partition

Golem; « embryon », « informe » ou « inachevé » en hébreu, est, dans la mystique puis la mythologie juive, un être artificiel, généralement humanoïde, fait d’argile, incapable de parole et dépourvu de libre-arbitre façonné afin d’assister ou défendre son créateur (cf: wikipédia).
L'exposition, dans une cave de (très bonne) librairie, devait s'accommoder d'un environnement tortueux et difficile. Il s’en est suivi un étalage de formes peu clinquantes, et peu séduisantes sans doute. J'ai conçu l’exposition comme un parcours jalonné d'objets, tels des encombrants, dont la lecture d’ensemble se révélait n'être pas évidente, voir compliquée. Pourtant l’ensemble pour être cohérent, possède sa logique.
Et voici d’abord quelque chose qui m’a intéressé:
D’après Benveniste, la tentative de Saussure pour concevoir la langue uniquement comme un système est insuffisante et ne permet pas d’expliquer comment on passe du signe à la parole.
« En réalité le monde du signe est clos. Du signe à la phrase il n’y a pas de transition, ni par syntagmation, ni autrement. Un hiatus les sépare. » (Benveniste, Problèmes de linguistique générale, Gallimard, 1974).
Si l’installation de la cave est composée d’objets hétéroclites, la plupart ont en commun d’appartenir au cercle domestique.
La pièce est a priori « un » ensemble concret qu’on découvre se diviser en « trois » sous-ensembles…
Ici, un gros œuf de plâtre harnaché à une pseudo sphère armillaire, plus loin un groupe de quatre tubes cathodiques plâtrés, puis plus loin encore, plus haut et à l’écart, un réfrigérateur en fonctionnement, lequel est retranché derrière trois étais, porte close contre un des murs du lieu. L’ambiance de dépôt est à la rouille, à l’ombre et la lumière électrique.
Si on observe davantage, on comprend que l’installation se découpe autrement : deux moniteurs appartiennent à la sphère d’influence du réfrigérateur. Ce sont ces deux moniteurs-là qui fournissent l’éclairage dans la cave, via deux ampoules basse consommation alimentées depuis le réfrigérateur. Tandis que les deux autres moniteurs — ceux dont les écrans ne font que réfléchir les lumières — sont dévitalisés, inertes donc.
Il ressort du croisement de ces deux ensembles, qui forment pourtant en commun « un » groupe central, qu’une connexion latente ne se produit pas. Les quatre tubes cathodiques ne se relient entre eux que dans la disposition, pas par les fils…

Golem Partition

La librairie "Le Livre" est située sur la place du Grand Marché à Tours, qu'on appelle communément la place "du monstre", désignant ainsi une réalisation d'art public de Xavier Veilhan. Dans la cave et dans le réfrigérateur, une statuette d'argile, à laquelle manque tête et bras, enfin est enfermée...

Golem Partition

Acier, plâtre, câble, écrans désactivés/écrans réactivés, câble, réfrigérateur en fonctionnement, statuette d'argile (cachée dans le réfrigérateur), étais.

Enclave


Exposition personnelle et installation in situ,
Collège René Cassin,
Cosnes-sur-Loire,
2007

Texte placardé sur la porte à l’attention des spectateurs :

Ça n'est pas que le crocodile passe son temps à observer ou même à attendre, car, si c'est le cas, est-on sûr qu'il le sache ? Et si nous nous mettions le mieux du monde à sa place, serait-on en train d'attendre ou bien de chasser au milieu du repos ?
À scruter un crocodile (pour autant), créature apparemment inerte, figée, se dégage l'impression étrange de tourner autour d'un objet sans âme (s'il n'y avait bien sûr les dents, un soupçon prolongé de mobilité rivé aux pattes).

Descriptif :

La pièce d'exposition est fermée à clé, on ne peut y entrer. L'observateur a deux accès visuels, soit par l'œilleton de la porte, soit du côté opposé par la baie vitrée. Pour aller d'un point à l'autre un grand détour est nécessaire. Ce temps est mis à profit pour comprendre la proposition dans son ensemble. Les éléments réfléchisants disposés à l’intérieur la pièce la reflètent de toutes parts tout en renvoyant à soi-même le regard de l’individu spectateur.

Enclave

Feutre, verre, miroirs convexes, œilleton.

Enclave
Enclave

Exécution capitale


Résidence, au Lycée agricole de Beaune-la-Rolande,
Loiret,
2009

Le matin du jeudi 5 février 2009, jour surprise d'une exécution capitale, était distribué un journal dans l'établissement.

« Le Brûlot » comporte une suite de dessins originaux qui annoncent en l'illustrant le déroulé de l'événement auquel sont conviés les curieux pour la tombée de la nuit, avant que chacun ne rejoigne cantine et internat.

Éxécution

La page éditoriale du Brûlot a été confiée à Yves Duranthon, dont voici le texte :

EXÉCUTION CAPITALE

Ils l'ont attrapé sans trop de difficulté, il errait dans les bois, affamé, hagard, il n'a opposé aucune résistance. J'ai retenu son prénom, Sébastien, comme le gardien de notre équipe de foot, c'est pour ça que je m'en suis souvenu…
« Il était recherché pourquoi exactement ?
m'a demandé Patricia.
- Tu sais bien, c'était un artiste, en cavale depuis des mois.
- Quel genre d'artiste ?
- Un plasticien, sculpteur, je crois.
- Quelle horreur… »

Il était grand et plutôt maigre, le corps abîmé, les cheveux et la barbe longs et broussailleux. Ils l'ont attaché et exposé un peu partout dans le village pendant trois semaines. A la fin, il finissait par ressembler à un pantin, presque sans vie, exsangue. Les oiseaux l'avaient pris comme perchoir. Mais il n'était pas mort et le conseil du village a décidé de régler son sort au plus vite avec l'accord des autorités locales et nationales.
On a reçu l'édition spéciale du journal local qui titrait en gros « EXÉCUTION CAPITALE » et qui ressemblait à une affichette à l'ancienne, assez sommaire, à placarder ici ou là pour attirer l'attention du public. L'exécution était prévue pour le soir même. J'ai décidé qu'on irait avec les enfants.
Patricia a paru inquiète. « On n'avait pas ces choses-là dans notre enfance. J'ai peur que ça soit trop dur pour eux.
- Je ne pense pas, et le monde a tellement changé depuis. Nous ne pouvons plus juger. Suivre le mouvement, c'est ce que nous avons de mieux à faire. Je vais m'en occuper si tu veux, je les prends tous les deux avec moi, tu n'auras qu'à rester ici ou partir pour la soirée. Et pourquoi n'irais-tu pas voir ta mère ? Elle qui refuse encore cette inéluctable évolution du monde… ».
Elle a acquiescé. « Sois prudent avec eux et n'oublie pas de prendre un peu d'argent pour les sucreries… »
Au milieu du stade avait été dressée à la va-vite une scène avec un billot et un bûcher. Le bois y était déjà entassé, prêt pour le brasier final. Les tribunes étaient pleines mais nous avons réussi à trouver trois places. Je me suis installé entre les enfants.
Il n'y a pas eu de discours du maire, rien d'officiel. Maintenant que tout le monde était présent, que le village était rassemblé dans la même attente, on pouvait se passer de préliminaires. On semblait plutôt pressé d'en finir.
Deux gendarmes ont amené le condamné ou plutôt l'ont trainé, à peine conscient, jusqu'au billot. Pas d'émotion dans les tribunes, la foule était comme glacée, déjà pétrifiée par l'horreur à venir. Un homme jeune, grand et costaud est alors monté sur scène armé de la plus grande tronçonneuse que j'ai jamais vue et qu'il a démarré en un clin d'œil dans un vacarme assourdissant. Tout s'est déroulé très vite ensuite, la tête coupée, le sang qui gicle étonnamment loin, puis le corps vidé qu'on jette presque négligemment sur le bûcher. Les flammes qui brûlent la chair, illuminent les visages de la foule muette.
Je crois que je me suis senti extérieur à tout ça. spectateur muet de la combustion. Les enfants ont semblé fascinés par l'horreur mais je crois qu'à aucun moment ils n'ont eu peur et qu'ils ont compris que quelque chose d'important était en train de se passer. Je sais maintenant qu'au delà de la mort de cet artiste, c'était un peu à la mort de l'art qu'on assistait, et que c'était aussi une grande libération.
Nous sommes rentrés et en chemin nous avons acheté des glaces dans une baraque au bord de la route. Spontanément nous avons pris le même parfum. La fraise avait un goût de sang.

Yves Duranthon





Ravalement de façade


Je m'abstrais, je me suis abstrait, je m'abstrayais, je m'étais abstrait, je me fus abstrait, je m'abstrairai, je me serai abstrait, que je m'abstraie, que je me sois abstrait, que je me fusse abstrait, je m'abstrairais, je me serais abstrait, je me fusse abstrait, abstrais-toi !

À l'occasion des fêtes de Jeanne d'Arc,
dans les rues d'Orléans,
2002

Éxécution
Éxécution
Éxécution

Bois de sapin.

Propositions

POISSONS







Scie,
coffre, chat,
lune, voile de Chine,
globe, couronne, épée, pilote,
rouge, lanterne, zèbre, chien, clown





Propositions








Propositions

ALÉAS







Au Hasard


Dissémination au lieu-dit Le Hasard,
N154,
Prunay-le-Gillon (28360),
2011

Sébastien Hoeltzener, Le Hasard, au lieu-dit Le Hasard, disposition des cailloux numérotés sur la route

Gravier d'aquarium numéroté













Propositions


Exposition collective Après tout,
Le Bol,
Orléans,
2011

Propositions

Il s'agit d'une série de diptyques verticaux qu'il est possible de présenter suivant divers agencements « logiques ». Sur la partie supérieure de chacun, des cailloux d'aquarium numérotés de 0 à 9 sont collés à des petits carrés soigneusement peints, noir, or ou argent. La grille orthonormée définit un ordre tandis que la numérotation et la couleur des cailloux est aléatoire. La disposition suppose donc un ordonnancement tandis que le hasard définit à l'intérieur, en miniature, une place pour l'informe.

La partie inférieure de chacun des diptyques présente quant à elle l'inscription « proposition », repeinte sur le même modèle, à la main. La graphie reproduite est disproportionnée et singe à cet endroit la « signature de l'artiste ». Répétée, elle devient logotype. Les médiums et les formats utilisés pour ces tableaux réfèrent délibérément à l'univers des loisirs créatifs : les « Propositions » renvoient aux statuts actuels de l'activité artistique, à la question de son impact, à la valeur de son éclatement. La série des « Podiums » est une version complémentaire en volume de ce travail.

Propositions
détail

Propositions : toiles sur châssis, peinture acrylique, cailloux d’aquarium numérotés ;
Podiums : bois peint, galets peints et numérotés.

Pastiche du double

RÉCIPROCITÉS







Rien à voir #0


Exposition en collectif,
Usine Chapal,
Montreuil,
2021

Rien à voir #0

Rien à voir est une tentative de regroupement d'artistes et de critiques qui vise une expérimentation commune, en construction. La proposition vient de Fred Guzda qui participe en tant que critique, producteur de texte, et en partie de Frédéric Prat, artiste peintre. L'expérience engage actuellement quatre artistes : Anne Balthazar, Frédéric Prat, Silvana Reggiardo et Sébastien Hoëltzener. Une première rencontre par les œuvres a eu lieu à l'occasion des ateliers portes ouvertes de Montreuil dans l'atelier de F. Prat.
J'ai proposé et mis en œuvre deux travaux « élastiques » complémentaires, une longueur de corde extensible étant la même dans les deux propositions : Diagonale du plein (hommage à Manet*) et Improvisation.
Diagonale du plein est une corde élastique tendue, violette, teintée dans la masse, qui matérialise la diagonale de la pièce. C'est une ligne de démarcation en tout point franchissable, qui peut être comprise comme un repère, de distribution, des objets et des êtres dans la salle. Ainsi en allait-il, au sol, de l'occupation d'un plan horizontal.
Sur un plan vertical, Improvisation utilise les propriétés physiques du même matériau, la corde élastique violette, avec un ajout de pailles d'inox enfilées et de « cavaliers » pour fixer ces « guides de courbure » à la cloison. La pièce est évolutive, elle concerne un état indécidable. Durant la présentation publique, l'artiste se produisait régulièrement, ou s'aidait d'assistants volontaires, pour accrocher son œuvre. Ce qu'il déclare ne pas être parvenu à faire.

*Sur une remarque de F. Prat, en regard de la composition
et des couleurs de « Le Toréador mort ». Analogie et référence
immédiatement adoptées.

Rien à voir #0





Rien à voir #0
Rien à voir #0
Rien à voir #0





Battûta


LP,
HAK Lo-Fi Record – HAK263,
2016


« Battûta » LP, Suicide Motorhead, classical, expérimental, free improvisation with Paul Laurent (tape [magnetophone], effects, other [micros], mixed by), Romaric Sobac (piano, psaltery, vocals), Sébastien Hoëltzener (drums, artwork), 2016.
[Ils n'eurent qu'un disque vinyle... Puis alors, Sébastien a été remplacé dans ce groupe, lorsqu'il repasse de duo à trio, par Beavis Martin (électroniques)... ou autre ?]

Compotier, journal et carte


Cabinet de curiosité des langues de France (exposition collective),
organisée par la Labomédia,
avec le concours du Laboratoire Ligérien de Linguistique,
Carré Saint Vincent,
Orléans,
2015

Avec Paul Laurent. Il s'agit d'une composition pour un dispositif sonore, basé sur une archive du Laboratoire Ligérien de Linguistique.
Principe : des paroles informelles recueillies dans les années soixante-dix sont diffusées (nous avions choisi un dialogue entre femmes qui nous a paru significatif ; mais sans que ce choix-ci soit indifférent, on pourrait le remplacer par d'autres extraits, distingués pour de nouveaux résultats.). Tandis que la bande passe et diffuse un « gris » sonore, chacun de nous prononce à son tour des « phonèmes » dans son micro, ce qui a pour effet d'exhumer de la bande qui passe tous les phonèmes correspondant. Peu à peu, la mémoire de l'enregistrement revient à la surface.

L'Imprévisible


Performance lors d'une exposition collective annuelle « Xul »,
organisée par Philippe Coudert et la Labomedia,
108 rue de Bourgogne,
Orléans,
2014


Avec Paul Laurent. Performance réalisée à partir d'un texte de J.B. Bossuet ; Méditation sur la brièveté de la vie, avec bande magnétique préenregistrée, des surimpressions vocales en direct (« OUI » et/ou « NON ») par les récitants et enfin au troisième passage ; sectionnement net de la bande à l'aide de ciseaux.

Double films


Projections lors d'expositions collectives annuelles « Xul »,
organisées par Philippe Coudert et la Labomedia,
108 rue de Bourgogne,
Orléans,
2012 – 2013 - 2014


Collaboration avec Yves Duranthon,

Il s'agit de double projections, sons et lumières, qui utilisent le chevauchement partiel ou complet des images, dont le choix intervient selon les principes suivants :

1) Partir d’une intuition forte.
2) Provoquer la collision frontale de deux entités visuelles distinctes,
     documentaires, fictions…
3) Tenter une lecture du sur-texte qui en résulte.


Il y eut trois Doubles films :

— Astérix chez les valseuses (« Depardieu pour le prix d'un » – 2012) s'emploie à montrer deux moments éloignés entre eux de la carrière de Gérard Depardieu, acteur emblématique, qui coïncident avec deux moments de l'histoire du cinéma français. Une tentative de diffusion de ce double film sur une plateforme internet à été censurée au motif d'un « contenu explicite ».

— Terminator mon amour (2013) mêle parallèlement à une romance sentimentale noir et blanc qui tisse avec les traumatismes la seconde guerre mondiale, un roman d'anticipation inquiétant. Arnold Schwarzenegger est un acteur d'origine autrichienne qui s'exprime en anglo-américain sur un fond de décombres du Japon et de l'Europe. Il en résulte une immense fresque ou la dystopie et l'histoire mondiale s'entrechoquent.

— 2001, Space cut (http://www.yvesduranthon.net/space-cut/, 2014) est un drame qui tente de relier le passé de l'humanité à ses désastres présent et futurs. Des images d'archive des tours jumelles en flammes lors de l'attentat qui les a détruites ont été collectées sur internet, qui fusionnent avec celles d'un étrange monolithe entouré d'une tribu d'hominidés australopithèques ; vraisemblablement nos ancêtres.


Et Yves Duranthon résume ainsi le pitch de ce dernier double film :

« Lancé en 1968, le Stanley Kubrick Spaceship percute les tours jumelles du World Trade Center, le 11 septembre 2001. À son bord, cinq mille passagers s’apprêtent à rejoindre les confins de l’univers. Au terme du voyage, dans les décombres de Ground Zero, un vieillard mourant pointe du doigt l’étrange monolithe d’où naîtra l’enfant cosmique, tandis que retentit la parole de Zarathoustra… »





L'autre machine à rire


Dessin animé, 9',
Présenté à l'exposition collective annuelle « Xul »,
108 rue de Bourgogne,
Orléans,
2011

Réalisé avec Yves Duranthon. Sur un texte doublé de Coluche, L'histoire d'un mec, en vocalisations artificielles.


Installation


Vidéo burlesque, fiction documentaire,
21',
2010


Synopsis :
Au lycée agricole,
le jour de la clôture de sa résidence d'artiste,
Sébastien H. reçoit la visite d'un ami.


Avec Franck Gourdien.
Tourné le jour de la restitution d'une résidence d'artiste en lycée agricole, le vidéo-film reprend en les mélangeant divers moments des préparatifs. L'ordre logique des actions est visiblement corrompu dans le montage et confine à l'absurde, tout en composant une nouvelle histoire. Franck est devenu à l'occasion acteur et personnage burlesque, au même titre que toutes les personnes capturées dans leurs attitudes du moment par sa camera. Son ami artiste-résident, apparaissant pourtant sûr de lui, n'a pas l'air franchement fiable sous son bonnet moulant ridicule. Ainsi les actions s'enchaînent sans donner l'impression de finalités...
Pour toute solution, le générique qui ferme le film reprend dans sa quasi intégralité, en plan fixe, la performance de clôture de résidence qui consiste en la crémation d'un pantin géant devant le public assemblé des élèves. La durée du générique où défilent lentement les noms de la distribution, les remerciements, est égale à celle du reste du film

Pastiche du double


Exposition duo avec Vincent Valéry,
Le Bol,
Orléans,
2006

Avec Vincent Valéry, nous avons improvisé, mélangé des travaux d’atelier, des bouts d’expériences, des rebuts matériels, au point de faire perdre la distinction des auteurs. Des matériaux hétéroclites à l’excès entrent dans la composition. Pour renforcer le pastiche nous avons introduit une paire de meringues au chocolat achetées à la boulangerie du coin. L’installation prenait peu à peu l’aspect d’un jardin intérieur par des dispositions concertées.
Exposition pastiche, il s'agit en effet d'une singerie. Et cependant la démonstration donnait beaucoup à voir et l’exposition fut fort appréciée.

Pastiche du double
Pastiche du double

2001

Conversations sous le rapport pneumatique


Bord de Loire,
Loiret,
2002

Souvenir, avec Thomas Charmetant et Franck Mauger.
Deux sièges en mousse de matelas, « boa » composé de pneus de vélo découpés, cousus autour de ballons jouets, relié à deux casques de moto.

Sébastien Hoeltzener, Boa, Conversation sous le rapport pneumatique
À partir de trois c'est la foule

JARDINS CLOS



Avec les pommes de terre plâtrées j'assemblai des notions apparement opposées en un seul genre d'objet ou sculpture ; mort/vif, sec/humide, ou encore jardin/habitation. Surtout, j'avais choisi les pommes de terre plâtrées comme un moyen d’explorer la dimension du don. De la main à la main, la démarche recouvre/ait une dimension anthropologique. Ces pommes de terre plâtrées, à travers le monde, sont conservées par leurs destinataires. Ces points se déplacent de temps en temps, parfois se brisent, ou disparaissent. Quelqu'un a déploré s'être fait voler la sienne. En avait-il trop parlé ?





Pomme de terre platrée brisée


Atelier,
Orléans,
2004

Pommes de terre déplatrées
Pommes de terre déplatrées

À partir de trois c'est la foule


Résidence d’artistes,
Parc Saint Léger,
Pougues-les-Eaux,
2006

À partir de trois c'est la foule

Avec Xavier Drong et Nicolas Royer; résidence de deux peintres avec un sculpteur.
Il s'agissait d'investir à trois artistes l’espace du Parc-Saint-Léger, centre d'art transformé pour l’occasion en un grand atelier, qui peu à peu redevenait le lieu d’une exposition. Les murs devaient rester le domaine réservé aux deux peintres pour y exposer leurs toiles. J'élaborai de mon côté une répartition dans les espaces, principalement en occupant le sol avec des pommes de terre, soit plâtrées, soit peintes de couleurs unies.
À Pougues-les-Eaux, j'ai aussi plâtré de grosses boules de neige, des ampoules électriques... Par les gestes les plus simples et le matériau brut, il me semblait tentant d'aborder à des complexités que font manquer toutes technologies en pointe. Cette piste-là, modeste, est toutefois embarrassée. Elle doit être relayée par de la technologie. Comme le prouve cet exemple : le fait qu'on puisse lire ce qui est écrit, là, qui est d'un endroit d'on ne sait où...

À partir de trois c'est la foule
À partir de trois c'est la foule

Pommes de terre plâtrées, balance Roberval et passoires, ampoules alimentées électriquement sous globes de plâtre, très grosses boules de neige plâtrées, lumière solaire, 10 x 10 m. Tas de pommes de terre peintes à l'acrylique, 40 x 40 cm. Etc.

2006

Vol au musée


Lors de « ateliers Mode d'Emploi »,
Musée des Beaux-Arts,
Tours,
2006


J'ai posé devant moi des pommes de terre plâtrées, alors que mes yeux étaient bandés. Le public avait l’après-midi pour me dérober de ces « sculptures », sans que je m'en aperçoive. Dans le musée des Beaux-arts situé à quelques mètres, j'ai disposé dans la salle des natures mortes une pomme de terre plâtrée sur un petit socle. On m'a rapporté en fin d'après-midi que les gardiens du temple avaient été sur le qui-vive.

Vol au musée
Sébastien Hoeltzener, Vol au musée

Pomme de terre plâtrée, socle.



Ce qui nuit l'inverse


Exposition personnelle,
POCTB,
Orléans,
2005

Ce qui nuit l'inverse

Dans le lieu éclairé au néon, fermé au contexte extérieur, la promenade relie entre eux de nombreux objets, sculptures, ou ensembles. Les rapports d'échelle se troublent entre chacun de ces éléments et entre les milieux qui les entourent. Tout repère est devenu relatif. Le temps cyclique est exposé ; celui des saisons, avec des feuilles mortes de platane (bien que nous soyons au printemps), celui de la course des aiguilles au temps quantifiable d'une horloge sur laquelle tourne un papillon exotique, épinglé tout sec. Comme si le mouvement accompagnait pour toujours son arrêt de mort. Toutes choses pour soutenir l'attention dans l’atmosphère d'un jardin ; à part.

Ce qui nuit l'inverse
Sébastien Hoeltzener, Ce qui nuit l'inverse

Matériaux hétéroclites : feuilles mortes de platane, punaises de laiton, pompe d’aquarium, bocal, eau de vaisselle, carton, cloche à fromage, pommes de terre plâtrées, peinture de sol, béton, plâtre, oeufs, tube métallique, feuilles de dessin, pigments, horloge, papillon desséché, lampe frontale, mètre, photographies…